Mon 200ème article : la Synthwave et ses origines

Depuis un peu plus de dix ans maintenant, nous assistons à un retour sur le devant de la scène de l’aspect très particulier de la musique synthwave, ses dérivés et surtout, son esthétique. Pourquoi ? Quelle origine a-t-elle ? De quoi s’agit-il ? On va tenter un petit tour d’horizon.

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Synthwave

Découverte

Nous sommes au mois de mai 2018. Je viens de revenir dans la ville de mon enfance, Montauban, des suites des aléas de la vie. Ici, dans le sud-ouest, l’été est déjà là. Il fait chaud, le ciel est dégagé, le soleil brille et les arbres sont agités d’une faible brise qui ne rafraîchit rien, vestige d’un hiver clément.

Je suis une passionnée de moto. J’aime ces machines et je ne roule pour ainsi dire qu’avec ça, été comme hiver. Pour moi elles sont vivantes et revêtent un caractère sacré dans la relation que je peux avoir avec elles. Je n’aime pas particulièrement la vitesse. Mais juste la sensation de sentir la machine vivre en dessous de moi, entre mes mains. Sentir son coeur s’emballer quand je la sollicite, sa rage quand je la convoque pour un dépassement… C’est ainsi, dans cette période où, venant juste de quitter la Marine, je me retrouve à explorer la région en deux-roues, des villages médiévaux aux artères de Toulouse et Montauban.

M’ennuyant quelque peu, je regarde également des films. Et c’est à cette période que j’en revois deux : Drive, de Nicolas Winding Refn et Tron Legacy de Joseph Kosinsky.

Leur point commun ? Une bande son et une esthétique hautement travaillées et recherchées, dont les morceaux les plus emblématiques sont l’oeuvre de compositeur français, à savoir Kavinsky, que beaucoup auront justement découvert au travers de Drive dans son plan d’ouverture sur Los Angeles avec son morceau Nightcall, et Daft Punk, qui ont composé la bande originale de Tron Legacy.

Pas même majeure quand ces films sont sortis, je ne les avais soit pas vus, soit pas compris. En effet, si Tron relève presque du plaisir coupable et n’est qu’un divertissement qui s’assume néanmoins, Drive est une autre paire de manches. Il est ce qu’on appelle un film contemplatif, un genre auquel beaucoup de non-initiés aux codes et symboles du cinéma resteront imperméables, parfois si clivant et engagé que même les connaisseurs n’y trouveront pas leur compte.

Mais c’est en revoyant ces deux films que je me trouve fascinée par cette esthétique, ces sons, cette ambiance. Je viens de mettre un pied dans la synthwave et son monde, sans pour autant comprendre encore la vastitude de ce que je viens de découvrir.

Dès lors, je n’aurais de cesse de ponctuer chacun de mes déplacements à moto, puis plus tard de mes sessions de jeux, de sport, de ma vie entière de compil de synthwave. Je découvre des noms du milieu. Kavinsky bien sûr, mais également Lazerhawk, Nina, TimeCop1983, Dance with the Dead, Carpenter Brut, Jeremiah Kane et tant d’autres…

Chacun avec leur patte, leur empreinte. Si Kavinsky, Lazerhawk et TimeCope1983 sont dans un genre musical plus posé, Nina se retrouve dans un registre plus mélancolique avec du chant que l’on ne retrouve que rarement dans la synthwave tandis que DWTD offre une approche bien plus énergique, et ce n’est pas pour rien qu’un de leur morceau fut choisi pour accompagner le trailer promotionnel de l’événement basés sur les actioners testostéronés des 80’s de Call of Duty Warzone lors de sa saison 3.

Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

C’est au milieu des années 2000 que la synthwave fait son apparition, venant de créateurs musicaux français la plupart du temps. Très vite, on lui adjoint le synonyme Out Run, convoquant là son lien avec le jeu vidéo puisque c’est en effet là une référence au jeu d’arcade éponyme de 86 édité par Sega qui appelait tous les éléments liés à la synthwave, depuis son esthétique primaire jusqu’à ses sonorités particulières.

Fondamentalement, la synthwave doit être vue comme une forme de nostalgie romancée pour une période passée. Le plus étonnant étant d’ailleurs qu’elle atteste de la possibilité de ressentir de la nostalgie et d’être l’objet d’un biais de positivité pour une période que l’on a pas nécessairement connu, devenant par là même un regret mélancolique par essence davantage que de la nostalgie.

Ce genre musical n’existait pas dans les années 80-90, et c’est ce sentiment nostalgique lui-même qui est à l’origine de cette naissance à l’aube du 21ème siècle.

Cependant, on peut tracer une forme de “proto-synthwave” jusque dans les années 70 dont la synthwave moderne s’inspire, piochant dans les oeuvres de John Carpenter qui compose souvent la musique de ses films ou Vangelis à l’oeuvre sur Blade Runner, monument du cyberpunk auquel la synthwave est très liée. Quant à la forme que cela prend, il s’agit surtout de sonorités au synthétiseur et à la batterie électronique, et s’il y a des écarts importants de mélodie et de genre entre chaque artiste du mouvement, par exemple entre le style très énergique voire sombre de Carpenter Brut et Nina qui incorpore du chant dans ses créations.

Ou entre le côté très punchy d’un titre de Jeremiah Kane et un de Kavinsky, bien plus posé et onirique. La grande force de la synthwave demeure de présenter un si large spectre de variétés que vous pouvez littéralement en trouver pour toutes les situations : le sport, la sieste, la conduite, les études, le travail et même le sexe. Parce que ouais, Next Stage ça va changer un peu donc autant vous habituer à ce qu’on aborde certaines thématiques plus frontalement.

Tout ceci pour dire que finalement, il y en a pour tous les goûts et pour peu que vous aimiez le genre, vous trouverez nécessairement des artistes qui vous plairont. Essayez des termes commes Dark Synth, qui frôle l’EBM, lui-même reprenant des éléments du Synthpunk, ou Vaporwave, dans un style plus léger et réveur.

Vous trouverez également des chaînes qui diffusent en continu de la musique de ce genre ou qui se font spécialistes de la publication d’artistes spécialisés dans la Synthwave, comme ThePrimeThanatos par exemple !

Néanmoins, la synthwave n’est pas uniquement un style musical, et heureusement. Comme susmentionné, il s’agit aussi d’une esthétique qui compte au moins autant que la musique qu’elle accompagne.

Dès lors, on se retrouve avec des codes visuels et stylistiques pour servir cet univers musical, codes qui ne sont pas sans convoquer les visuels de la période estivale, les voitures de sport des années 80 à commencer par la Lamborghini Countach, les palmiers, les villes américaines pleine de grattes-ciel et les routes dessinées en néons ou sur un quadrillage que Tron n’aurait pas renié et surtout un soleil démesuré, souvent strié, le tout dans un registre de couleur vive néons et brillantes mélangeant généralement violet, bleu et orange et rose.

Vous pouvez voir cette esthétique revenir en force sur le devant de la scène, par exemple si vous jouez à Destiny 2, l’an dernier la Saison du Symbiote s’inspirait très largement pour les Labyrinthes Vex de cette patte visuelle, ou le légendaire Far Cry 3 Blood Dragon, un jeu absolument fantastique !

Dans un registre plus musical, Tokio Hotel et Muse en ont également fait une partie de leur identité, les premiers depuis la fin des années 2000 avec leur album à l’esthétique cyberpunk assumée nommé HUMANOID, les seconds avec leur album The Dark Side.

Une image que Stranger Things n’aurait pas reniée hein ?

Et pour conclure, s’il resterait encore mille et un noms et recommandations liés à ce domaine et si vous vous demandez pourquoi j’ai choisi d’aborder une telle thématique artistique pour mon deux-centième article, ma foi… Il va vous falloir patienter encore un petit moment. Mais, promis, ça en vaut le coup !

Pour aller plus loin…

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1 réflexion sur “Mon 200ème article : la Synthwave et ses origines”

  1. Ah.. la Synthwave <3 Bel article ! J'écoute beaucoup la chaine YouTube de ThePrimeThanatos

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