Bungie et les réalités transgenres

Bungie réalités transgenres

Bungie remet son pin’s de la Fierté en vente et reversera tous les bénéfices à TransLifeline

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Tous les joueurs de Destiny 2 ont eu le message en ouvrant leur session hier soir après la réinitialisation journalière : le « Pride pin » va être disponible à l’achat et tous les profits tirés de ces ventes seront reversés à TransLifeline. Au cours du mois de novembre se trouve en effet (selon les pays) la Transgender Awareness Week, qui est supposée permettre de mettre en avant les problématiques liées à la transidentité.

dmg04, community manager de Bungie, sur la question trans

Il faut donc attendre un peu avant de connaître les plans précis de Bungie afin de savoir si il ne s’agira que d’un pin’s vendu ou si d’autres choses seront prévues, peut-être un emblème.

TransLifeline, association à but non lucratif

TransLifeline est donc une association à but non lucratif, opérant aux États-Unis et au Canada. Cette association est la première à dédier un support spécifiquement aux personnes trans en offrant notamment une écoute téléphonique et en tentant de lutter contre le suicide. Fondée en 2014 en réponse à l’effrayant taux de suicide affectant les personnes transgenres, elle fournit également des « micro-dons » en aidant financièrement pour palier le problème bien connu du système de santé étatsunien.
Fermement décidée à être un phare dans la nuit, elle est actuellement en voie de développement afin d’avoir davantage de volontaires parlant d’autres langues que l’anglais afin que la barrière de la langue ne l’empêche pas de tendre la main à quiconque en aurait besoin. Comprenant le rejet auquel sont confrontées les personnes trans dans leur vie quotidienne, et afin que celles et ceux qui ont recours à ses services se sentent en sécurité et non jugés, tous les volontaires sont eux-mêmes des personnes trans.

Les réalités transgenres évoquées par Bungie

Mon devoir est fait. Ci-dessus, j’ai rendu objectivement et fidèlement compte de l’initiative de Bungie sans donner mon avis. Mais le fait est que je ne peux pas demeurer bras croisés sans approfondir davantage la question. Certains parmi nos lecteurs le savent déjà, que ce soit parce que je l’ai mentionné à une ou deux reprises dans les commentaires quand cela servait mon propos ou parce qu’ils ont vu mon Instagram dans ma description ci-après, mais je suis moi-même une personne trans.

Tous les jours je constate, autant dans la vie quotidienne qu’au travers du discours politico-médiatique, que la question de la transidentité est devenue plus clivante que jamais et que la vie des personnes trans est d’une rare complexité. Entre une communauté LGBT+ mal servie par ses intervenants médiatiques, un discours à double sens de certains, un refus de s’informer d’autres… l’occasion ici est trop belle de faire de la pédagogie sur la question.
Next-Stage a toujours été un site sur lequel, quand il y avait matière à donner notre avis, nous le donnions sans détour. Alors je vais vous parler sans détours et sans fard, sans discours politique, sans intérêts personnels, sans prosélytisme même s’il est clair que la question est bien trop vaste pour être correctement couverte avec les quelques lignes qui vont suivre.

Déjà, un peu de contexte. En France, jusqu’en 2015, et jusqu’à aujourd’hui encore dans une certaine mesure, la transidentité était toujours référencée comme maladie mentale par la communauté médicale au DSM, un manuel médical de classification des troubles mentaux. Aujourd’hui nommée dysphorie de genre (le décalage éprouvé entre le sexe de naissance et le genre auquel on se sent appartenir), on commence à doucement tendre vers une dépathologisation de la question, une facilitation des démarches administratives liées à la transition… mais malheureusement pas vers une meilleure acceptation en société, où nous sommes parfois tolérés, mais rarement acceptés (la nuance est cruciale ici).

Ostracisme social, précarité professionnelle, rejet familial, agressions, taux de suicide crevant le plafond, exposition à la prostitution et aux drogues… Voilà les réalités dont parle Bungie, sans toutefois les nommer. Déjà avant la première moitié des années 2010 des rapports d’entités comme le Sénat et de l’Assemblée Nationale (1) pointaient la précarité des personnes transgenres, leur exposition au trafic humain et aux violences. Personnellement, toute ma famille et certains amis ont fait le choix de se séparer de moi quand j’ai annoncé ma transition. Trouver du travail malgré un prestigieux CV relève de la gageure entre la récession économique liée à la COVID et le fait d’être trans. J’ai même eu des employeurs qui lors d’entretiens m’ont ouvertement proposé des relations sexuelles tout en précisant qu’ils ne pouvaient pas employer des « personnes comme moi« . Et leur faire remarquer le caractère illégal d’une telle discrimination ne me vaut pour seule réponse que « c’est à vous de le prouver« . Administrativement, c’est un parcours infâme et difficile qui vous confronte à l’ignorance des gens qui souvent refusent de comprendre le mal qu’ils peuvent faire.

L’image des personnes transgenres, en particulier des femmes transgenres, comme moi, demeure assez (trop) liées au domaine pornographique. J’ai pu remarquer trop souvent que quand nous ne suscitions pas le dégoût des autres au moment où ils apprennent ce que nous sommes, c’était à contrario un regard lubrique et plein d’envies qui était alors dardé sur nous. Pour beaucoup, nous représentons un exotisme sexuel, quelque chose d’hors du commun, de nouveau et avec les clichés véhiculés par le domaine du X, il n’en faut pas plus à beaucoup pour s’imaginer que nous sommes ce que nous ne sommes pas. Pour ma part, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été agressée (verbalement ou physiquement, avec ou sans violence sexuelle) parce que je suis trans. Tous les jours nous sommes punis pour quelque chose que nous n’avons pas choisi.
Dès lors, rien qu’avec ces quelques informations, difficile selon moi de douter du bienfondé de l’existence d’une association comme TransLifeline. Je ne compte pas le nombre de fois où j’aurais eu besoin d’une telle association depuis le 24 octobre 2018, date du début de ma propre transition.

Voilà, sommairement, les réalités auxquelles Bungie tente de vous sensibiliser. Nous souffrons, comme tant d’autres, injustement, et toujours comme tant d’autres, nous avons besoin d’aide. Est-ce qu’acheter ce pin’s sauvera une vie ? Allez savoir.
Néanmoins, si par conviction personnelle ou manque de moyen vous ne l’achetez pas, je vous encourage à l’empathie et à la retenue qui elles, sont gratuites. La seule personne m’ayant tendue la main en trois ans, c’était Djin, alors si vous pouvez être le Djin de quelqu’un, trans ou non, vous sauverez probablement plus de vies qu’en achetant un pin’s. Et si par ces quelques mots j’ai pu vous offrir matière à réfléchir, alors je pourrais moi-même me sentir fière de ma présence ici.

Prenez soin de vous.

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5 réflexions sur “Bungie et les réalités transgenres”

  1. Alors, en réalité, l’anthropologie n’est pour ainsi dire jamais remise en question, mais par les mouvements les plus extrémistes, la biologie peut l’être. C’est bien pour ça qu’une personne honnête dans sa démarche parlera selon moi par exemple de femmes, tout en précisant si cette femme est cisgenre ou transgenre.
    Beaucoup voient dans une telle démarche une forme de dogme démagogique, mais en réalité cela sert un but : celui d’être en phase avec un phénomène qui, s’il a bel et bien toujours existé dans beaucoup de société, à tendance à arriver sur le devant de la scène avec la démocratisation des moyens de communications et d’accès à l’information.

    De fait, aucune personne trans intellectuellement honnête ne tentera de prétendre qu’il n’y a pas de différence d’ordre biologique entre elle et une personne cisgenre. Il y a bien des extrémistes de la pensée qui le feront, mais nous ne saurions, pas plus qu’autrui, être réduits aux plus extrême de nos membres.

    Il est également clair que de nos jours, on peut se demander si il est vraiment pertinent de lutter pour des questions telles que l’écriture inclusive quand on fait face à de la violence physique… c’est ce que je mentionnais dans mon article en abordant notamment une communauté LGBT+ mal servie par ses intervenants médiatiques.

    Enfin, dans une oeuvre, en terme de story telling et de développement de personnage, il peut y avoir un intérêt à connaître son orientation sexuelle, sa religion, ses opinions… C’est ce qui sert à l’ancrer dans une certaine crédibilité et qui favorise ce qu’on appelle la suspension consentie d’incrédulité.
    Par contre, ce qui peut s’avérer problématique, c’est de ne pas respecter un principe narratif simple connu sous le nom de « fusil de Tchekov ».
    Ce principe est simple : il consiste à éviter de mettre quelque chose dans une histoire si ça ne présente pas d’intérêt à posteriori pour celle-ci.

    Ainsi, faire un personnage gay pour servir un propos et donner un développement plus approfondi, c’est okay. Mais pas pour des raisons politiques non avouées.

  2. Personnellement je n’ai rien contre les personnes Trans, surtout celle qui font une transition pour ressembler ce à quoi elle pense être…
    Par contre j’ai un problème avec ceux qui remet en doute l’anthropologie, qui force avec leur langage inclusif (comme si j’avais pas assez de difficulté avec le français écrit) etc…en gros ceux qui veulent changer le monde pour une ultra minorité…la c’est le genre de truc qui commence à m’énerver, du coup je prend chaque personne au cas par cas

    Dans un jeu et en tant que joueur j’ai n’y besoin de savoir l’orientation sexuelle de l’un, la religion de l’autre, la côté politique, la couleur de peau ou même de savoir si il a 3 yeux au milieu du front, ça doit rester du domaine privé.

  3. Merde. Je ne sais rien de ce qu’une personne transgenre peut ressentir; j’suis cis, blanc, Bi mais en relation hétéro, donc les privilèges, je cumule (à part deux trois remarques à base de « gneu gneu té pa bi lel »), mais je suis pas là pour raconter ma vie. Tout ça pour dire qu’à chaque fois que je lis l’histoire d’une personne Trans, je tombe sur le cul ou plutôt du piédestal de ma petite vie confortable, « normale ». Comme si, naïvement, je me prenait toute la chiure du monde sur le coin de la tronche.

    T’as un courage monstre pour te livrer comme ça. Je ne suis qu’un random qui te lis de temps en temps pour savoir où je peux trouver Xur ou quand la Bannière reprendra mais tu m’as giga touché et je te souhaite tout le meilleur du monde chez Next Stage et dans ta vie future.

    Destiny a une communauté incroyable mais on peut la rendre encore meilleure ❤️

    (Concernant Bungie, c’est honorable de leur part, mais j’ai toujours peur que derrière ce genre de campagne se cache du pinkwashing bien crado. Après, pour celleux qui lisent le lore de Destiny, iels savent que y’a pas mal de persos LGBT+ dedans (Saint et Osiris (le vrai) ❤️) . Et là c’est difficile de parler de Pinkwashing tellement le lore est cryptique donc mon coeur balance :/ En tout cas c’est sur que dans Destiny, être LGBT+ c’est rentré dans la norme. Peut être que nous aussi IRL on y arrivera 😀 (Sans les vagues d’aliens zombies ou les dieux interdimensionnels pls))

  4. Pour ma part je suis anti discrimination en tout genre…
    Ca changera pas grand chose Johanna, mais tu as tout mon soutient

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