Diablo IV : Faut-il craindre Diablo Immortal ?

diablo 4
Diablo-Immortal

Si Diablo IV fut, de façon fort surprenante, annoncé pour 2023, force est d’admettre que la sortie de Diablo Immortal début juin a de quoi refroidir quant aux attentes qualitatives du quatrième opus. Craintes fondées ? Non ? Quel est le sens de la vie ? Tâchons de retracer un peu l’histoire pour prévoir (ou essayer) l’avenir !

[divider style= »dotted » top= »3″ bottom= »3″]

À lire aussi : Présentation – Rayan & Cinder

[divider style= »dotted » top= »3″ bottom= »3″]

Diablo IV

Blizzard et les microtransactions

La moindre des choses qu’on puisse dire, c’est que la société Californienne n’a jamais été particulièrement friande des microtransactions au sein de ses jeux. Si son mastodonte en l’humble itération vidéoludique qu’est World of Warcraft a fini par s’y plier voilà quelques années, c’était de façon très sporadique, ne manquant pas de s’attirer déjà la grogne des joueurs à l’époque.

Même si les montures et les familiers s’avéraient assez peu présents sur la boutique, à contrario des services tels que la personnalisation de l’avatar, le changement de race voire de faction ou de serveur, ces services, ne pouvant être stricto sensu appelés microtransactions d’ailleurs, mais davantage des achats intégrés.

Quelle différence me direz-vous ? La microtransaction, elle, est un montant « dérisoire« , à coup de quelques euros voire au redoutable prix de 0.99€. L’achat intégré, lui, ne nécessite pas dans sa définition cette idée de montant contenu. Et fondamentalement, les joueurs n’ont rien contre les achats intégrés. Le soucis vient bien plus de leur multiplication que de leur simple existence.

La vérité, c’est que microtransactions comme achats intégrés sont des outils. Ils n’ont rien de néfaste en eux-mêmes. C’est de la façon dont les décideurs vont se servir de cet outil que va découler le fait de les qualifier de bénéfiques, ou de néfastes.

Une frontière floue, j’en ai bien conscience. Alors penchons-nous un peu davantage sur cette fine ligne séparant le Bien du Mal !

Le Bien !

Dans le camp du Bien, mesdames et messieurs, un tonnerre d’applaudissements pour (ne vous en déplaise je suis objective) pour CD Projekt Red ! Oui j’ai bien conscience que je ne vais pas me faire des amis…

En effet, les DLC de la firme polonaise sont de véritables extensions pensées comme des oeuvres à part du jeu d’origine et non comme de petits ajouts de ci de là pour faire raquer le client. Et la méthode s’avère payante : quand votre travail de base est bon, que vous vendez un rajout (et non une partie amputée) à ce travail pour un prix qui plus est raisonnable, et bien fatalement les gens sont contents. Pourquoi croyez-vous que les DLC Hearts of Stone et Blood & Wine de The Witcher 3 sont aussi encensés ? Parce qu’ils sont bons, mais aussi parce qu’ils représentent une juste balance économique entre rémunération d’un véritable travail de la société et bénéfice du joueur.

Au prix fort nous atteignons les 20€ pour un DLC. Alors, croyez-moi, j’ai bien conscience de ce que représente 20€… Mais on parle d’un DLC qui, en se concentrant sur et uniquement sur la quête principale offrira déjà plus de quinze heures de jeu. Et ce montant est quasiment triplé si vous visez le 100% de complétion. Honnêtement, des triples A vendus aujourd’hui à 80€ n’ont pas nécessairement ces quinze heures de durée de vie pour la quête principale ni même ces quarante heures pour une complétion totale. Alors pour 20 euros, le rapport prix/temps/qualité est clairement à l’avantage du joueur.
(Source)

Et ça c’est un bon exemple de comment on peut enrichir un jeu : avec un compromis. Et le compromis, c’est la base de tout puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de faire en sorte que toutes les parties impliquées y trouvent leur compte. Malheureusement, c’est un compromis que bien trop de studios préfèrent bafouer et pourquoi s’en priver puisque ça marche…

Le Mal !

Si trouver des exemples de gros studios honnêtes dans leur politique commerciale est un objectif atteignable mais compliqué, trouver des entités qui n’ont aucune considération pour leurs joueurs et clients, c’est déjà nettement moins difficile… EA, avec son Star Wars Battlefront 2 et qui défend sa politique économique comme étant des « mécaniques de surprises« , Blizzard qui vous enfume avec Diablo Immortal et sa réthorique, la quasi totalité des jeux mobiles, des gros AAA qui non seulement sont basés sur du « buy-to-play » mais en plus vous infligent une boutique aux prix prohibitifs pour du cosmétique que vous n’aurez l’occasion de pouvoir récupérer avant de longues, très longues heures de jeu. Et encore… quand vous aurez cette possibilité.

Si certains seront évidemment tentés de me dire qu’ils ne voient pas le soucis, en effet, personne ne mettant un flingue sur la tempe des joueurs afin qu’ils payent, je vous répondrais que la réalité est bien davantage insidieuse et que Diablo Immortal est à la fois le pinacle d’une méthodologie démoniaque (navrée de n’avoir su résister au jeu de mot) mais également une fenêtre sur un avenir loin d’être radieux.

Le jeu vous promettait que la boutique ne contiendrait pas d’équipement contre de la monnaie sonnante et trébuchante ? Ils n’ont techniquement pas menti, les gemmes légendaires tant décriées n’étant pas à proprement parler de l’équipement. Et ça, c’est l’exemple parfait de pourquoi, même si effectivement rien ne vous pousse à payer obligatoirement, Blizzard n’a que pour volonté de vous essorer comme un de ses chiens qui ressemblent à des serpillères mais sans le manche dans le… bref, tout est étudié pour que les gens payent.

Il est de notoriété publique désormais que des boites comme Blizzard recrutent des spécialistes de la psychologie (une simple recherche google avec les termes video game hiring psychologists vous montrera ça) afin de créer des mécanismes de jeu qui poussent à la consommation et rien que ça, ça devrait vous mettre la puce à l’oreille : oui, le jeu est gratuit, mais il n’est pas là pour une société à but non lucratif qui n’a qu’à coeur de vous faire plaisir. Il s’agit d’un business. Strictement tout est étudié pour que le rapport investissement/retour sur investissement soit le plus possible en votre défaveur.

Le soucis vient du fait que ce modèle fonctionne, Blizzard s’étant fait une joie de communiquer sur la rentabilité de son dernier bébé. Ou devrais-je dire celui de NetEase, parce que là aussi en apposant le logo Blizzard sur le jeu, on vous enfume, Immortal n’étant jamais qu’une autorisation d’exploitation de licence accordée à un tiers, expliquant au passage que la quasi totalité du jeu soit reprise de modèles existants et améliorés de Diablo III (le repompage étant une spécialité de NetEase), attestant encore une fois de ce soucis de la balance investissement/retour sur investissement…

Si effectivement vous n’avez rien lâché dans Immortal, félicitations. Mais en attendant, ce modèle détruit ce que le jeu vidéo est supposé être en tant qu’Art et bafoue le joueur autant en son statut personne que client. C’est bien pour ça qu’on parle désormais d’industrie vidéoludique avant toute chose.

Okay ma grande, et Diablo IV ?

Je spécule. Je l’admets. Blizzard ne s’est pas prononcé sur le modèle économique du prochain opus des aventures en Sanctuaire. Mais, pour moi, c’est un peu comme de l’astronomie. Vous savez comment on détecte un trou noir ? En regardant ses effets sur son entourage.

Et moi ce que je vois c’est Overwatch qui devient F2P avec un Season Pass avec un jeu livré qui plus est en kit, la boutique de WoW qui malgré achats des extensions de plus en plus onéreuses et abonnements en sus regorge de cosmétique et de services toujours plus chers, Diablo Immortal et ses sommes mirobolantes pour juste voir le endgame du jeu…

Tout atteste pour moi d’un changement de cap économique de la part de Blizzard et c’est effrayant de voir à quel point c’est accepté, toléré, voire encouragé par certains parce que « J’vois pas le soucis, personne les forces à payer« .

La vérité, c’est que si. Tout vous force à payer. Absolument tout parce que comme je l’ai dit, chaque aspect du jeu, à fortiori de part son statut de F2P, est étudié afin que vous lâchiez du pognon dedans.

Donc, malgré moi, je prends le pari : Diablo IV regorgera de frais annexes que vous n’aurez aucune possibilité de court-circuiter par votre temps de jeu ou votre chance. Mais j’espère me tromper, et si c’est le cas manette en main, alors je ferais mon plus grand méa culpa jamais vu lors du test de ce jeu que je ne manquerai pas de faire.

[divider style= »dotted » top= »3″ bottom= »3″]

La Rédac'
Retour en haut