Civilization VI [TEST]

Firaxis célèbre les 25 ans de Civilization avec un nouvel épisode, est-ce que le roi du 4X est de retour ?

[divider style= »normal » top= »2″ bottom= »2″]

Le 7 avril 1995, en lançant à bord du porte-avions Shivaji sa célèbre phrase « L’Inde est maintenant maître du monde », Mohandas Karamchand Gandhi venait de donner conscience à la planète de la suprématie de son empire. En effet, la veille aux aurores (date d’anniversaire de la prise de Washington), plusieurs bombardiers furtifs basés aux frontières de l’Empire Indien avaient lancé une série de frappes massives sur les installations militaires et pétrolières de Périclès. Les principaux aéroports et tankers furent également bombardés, pendant que plusieurs missiles Satan eurent rayé de la carte les grandes villes grecques de Panamérique.

La flotte grecque fut anéantie et reposait maintenant au fond de l’océan, ainsi que le cuirassé Œdipe et ses puissants canons, fleuron de l’amirauté. Ailleurs, l’arrêt du programme nucléaire français, négocié avec le Brésil contre deux perles par an, n’avait pas permis d’offrir une protection suffisante contre l’Inde. La 1ère Guerre mondiale moderne venait de commencer, elle durera 16 ans. Cela est l’Histoire, mon Histoire, à vous d’écrire la vôtre !

Bienvenue dans Civilization VI.

gandhi
« I’m back ! »

Il est de retour

Par rapport à Civilization V, les règles du jeu ne changent pas, mais évoluent. Le studio Firaxis Games a su faire un beau travail d’études pour déterminer ce qui marchait plus ou moins bien auprès des joueurs et ainsi faire évoluer leur licence sans en perdre l’essence même. Civilization VI arrive comme étant la suite logique du volet précédent (extensions comprises), les bases restent les mêmes : un gigantesque jeu de plateau sur 2 dimensions en tour par tour. Les joueurs s’affrontent dans ce monde avec toujours comme but ultime de rayonner sur les autres militairement, culturellement ou religieusement.

Après avoir fait un voyage spatial grâce à Beyond Earth en 2014, retour sur notre chère Terre avec ce nouveau Civilization, afin de nous offrir une fois encore la joie de faire évoluer notre civilisation sur 5 000 ans d’histoire, de la voir se développer, partant de quelques cloportes marchant pieds nus dans la poussière, jusqu’aux grandes métropoles rayonnantes sur le monde, absorbant l’ensemble des ressources de la planète.

Sans plus attendre, rentrons dans le vif du sujet

La première chose qui frappe en rentrant sur une partie, c’est l’aspect graphique de cette nouvelle version, très orienté cartoon. Si celle-ci ne m’a pas dérangé pendant les ères pré industrialisation (sans doute car elle rappelle d’anciens jeux tels que Pharaon), je la trouve en revanche moins bien adaptée pour la période moderne et contemporaine, infantilisant ce qui se trouve à l’écran.

L’ambiance de ce sixième opus est beaucoup plus chaleureuse donnant un réel aspect de « village mondial » à nos parties, il ne manque plus que des onomatopées écrites à l’écran lors d’actions pour que le tableau soit complet.

Village mondial, oui, car le monde parait aussi plus « petit » attention, il ne s’agit pas de la taille des cartes, mais de la taille de ce qui se trouve sur les cases, les arbres, bâtiments, unités et autres sont bien 25% plus grandes que sur Civ V, renforçant encore l’idée du cartoon.

Autre point perturbant, le brouillard de guerre : il se matérialise sous la forme d’une ancienne carte qui peu à peu se dévoile, les zones découvertes et hors du champ de vision étant alors dessinées telles que vues à l’époque, les zones inconnues étant vierges et embellies de créatures fantastiques. Encore une fois l’idée est géniale pour les ères se référant à ce type de cartes anciennes, mais difficile de ne pas voir un étrange anachronisme quand cette antique carte remplie de dessins ou de créatures mystiques se met à jour avec un porte-avions et sa flotte d’escorte !

Découverte, brouillard de guerre et territoires inconnus.
Découverte, brouillard de guerre et territoires inconnus.

Impossible de faire une liste de l’intégralité des changements et d’innovation de cet épisode tant il y a dire. Il n’en reste que quelques-uns sont incontournables, comme l’évolution des villes, qui maintenant s’étendent au-delà de la case initiale et se développent à travers des quartiers spécialisés.

Chacun de ces quartiers peuvent ensuite donner naissance à des constructions spécialisées comme une banque pour le quartier du commerce… Les affaires sont les affaires.

Il faudra donc mûrement réfléchir l’expansion de votre ville puisque ces quartiers peuvent générer d’importants bonus s’ils sont adjacents à certain type de terrain ou de construction.

L’autre changement majeur de jeu intervient dans la partie « gouvernement », plus le temps passe, plus certains types de gouvernements seront disponibles au fil des recherches, ceux-ci ayant chacun leurs forces et faiblesses. Si tous les joueurs commencent dans le domaine de la chefferie, on sera amené à choisir assez vite une voie gouvernementale bien plus précise. Chacun de ces gouvernements possède alors des « emplacements » de doctrines procurant divers bonus, c’est ici que tout se joue (voir image ci-dessous). Choisir par exemple une théocratie de base, c’est avoir le droit d’avoir 2 doctrines militaires, 2 économiques, 1 diplomatique et 1 joker ; alors que la monarchie offre la part belle aux armées, avec 3 emplacements militaires, 1 économique, 1 diplomatique et 1 joker.

Les doctrines se découvrent au fil de l’eau, sur un arbre technologique similaire à celui des recherches scientifiques. Notons qu’une possibilité de refonte de l’ensemble des doctrines gouvernementales est offerte à chaque découverte de doctrine. Sinon, il vous faudra mettre la main dans les caisses d’état. De plus, le rôle des gouvernements ne s’arrête pas ici, en effet, comme dans le cinquième opus, ils seront sujets à des amitiés ou discordes avec les autres joueurs si ceux-ci possèdent ou non le même type de gouvernement.

Civilisation VI doctrines
Une partie de la nouvelle interface de gouvernement

D’autres changements mineurs sont par ailleurs les bienvenus, la construction des routes et du réseau de communication notamment. Sachez qu’ici, plus besoin d’ouvriers pour relier vos villes, les routes se mettront en place au fur et à mesure du trafic de marchands, ce qui donne rapidement un réel réseau de communication entre vos centres urbains et ceux du reste du monde, on est bien loin de l’unique route qui reliait trop souvent 2 empires dans Civ 5.

Les cités-États possèdent maintenant un rôle encore plus central, avec la possibilité de devenir le suzerain de l’une ou plusieurs d’elles. Si vous y avez placé assez d’émissaires, la cité en question vous suivra dans vos agissements, et vous pourrez même prendre le contrôle de ses unités pendant quelques tours, chose très pratique en cas de guerre.

Nos personnages illustres reviennent ici sous une forme légèrement différente. Ils sont attirés par notre civilisation (et celles des autres), à vous d’être la première pour faire en sorte qu’ils s’y établissent. Pour cela, on pourra se référer à la barre de progrès de chaque civilisation dans la quête d’un personnage en particulier.

En ce qui concerne le développement de vos sauvageons, la découverte de nouvelles technologies reste accompagnée de citations d’hommes et de femmes de divers horizons, ce qui fera votre bonheur pour les dissertations/partiels d’Histoire-Géographie si vous venez à manquer d’inspiration. Notre cher Jacques Chirac, grand adepte des cultures, se retrouve même cité !

Déclencher une guerre devient aussi plus intéressant que dans l’opus précédent. Très vite, différentes options apparaissent pour pouvoir lancer les hostilités et tenter de ne pas trop s’attirer les foudres des grands dirigeants du monde, en passant pour un despote belliqueux. Ainsi il est possible par exemple de se lancer dans une opération de libération pour délivrer une cité-État capturée, d’ouvrir une guerre coloniale (si l’autre belligérant a plus de deux ères de retard), ou encore une guerre sainte, etc.
Ces différentes options donnent une réelle profondeur de jeu, un sens aux combats et une logique sur l’échiquier mondial. Développement, ressources, diplomatie et religion se mélangent alors !

« La Guerre est une aubaine »

Ah la guerre !  Même si l’IA a fait quelques progrès, il lui reste quelques bouquins sur le sujet à peaufiner. Si elle excelle parfois dans les attaques surprises, elle a un peu plus de difficulté à tenir dans la guerre de position, surtout si c’est vous qui déclenchez les hostilités. Assez vite, on comprend son fonctionnement et il devient alors assez aisé de trouver des parades pour capturer des territoires sans perdre trop d’unités, du moins dans une période pré-nucléaire.

civilization 6 personnages
Ça sera donc guerre coloniale, c’est qu’on a des jeans à vendre nous, et la toge c’est has been !

Artificial Intelligence

D’un point de vue général, pour les anciens joueurs, l’IA est un peu plus compréhensible que par le passé. Un rappel permanent de son attitude à votre égard est présent dans le quart supérieur droit de l’écran, et l’historique des relations diplomatiques est plus lisible qu’auparavant.

Par ailleurs, lorsqu’une autre civilisation vous dénoncera sur la scène mondiale, vous aurez la raison de son mécontentement (vous occupez une de ces villes, votre religion s’installe trop dans ses terres, etc.). Ces informations diplomatiques aident grandement à la lecture du jeu, même s’il est encore dommage qu’elles ne soient pas disponibles quand l’IA souhaite commercer avec vous.

Malgré cela, elle reste parfois capricieuse et un peu à côté de la plaque, se mettant à nous dénoncer sans réelle raison. Vous trouvez que votre grand-mère de 87 ans est un peu raciste sur les bords vis-à-vis des cultures étrangères ? Attendez donc de voir la reine Victoria passer ses 2 500 balais, et vous hurler dessus tous les 10 tours, tout en appelant le reste du monde à vous massacrer sans autre forme de procès !

« Make America Great again, and again! »
« Make America Great again, and again! »

L’équipe des Champions

Du côté des dirigeants, une vingtaine est présente, c’est moins que Civ 5 et ses extensions, mais largement assez pour s’amuser pendant de longues semaines, un bon turn-over a été opéré, donnant un coup de fraicheur à la nouvelle équipe de leaders. Pour les rescapés, on est quand même heureux de retrouver ce cher Gandhi et Pierre 2 du Brésil. La France quant à elle, hérite de Catherine de Médicis (1519-1589 ; sacrée reine de France en 1549), succédant au Napoléon de Civ V, un choix quelque peu particulier… Pour le reste des nouveaux, sans tous les citer, on notera quand même une Cléopâtre à la mode pharaon (qui fera hurler les historiens), un Périclès, Philippe II d’Espagne, Trajan, etc.

Votre Histoire commence ici

Allez de l’avant ! Le gros atout de ce Civ VI réside dans le fait qu’il ne faut pas hésiter à malmener le jeu et les mécaniques de gameplay, soyez acteur dans ce monde et non pas spectateur, n’attendez pas la marche du monde pour essayer d’y trouver votre place, mais allez de l’avant ! Les nouvelles informations diplomatiques aident beaucoup dans la connaissance de ce qui se passe entre les joueurs. Enfin, de brèves informations de début de tour nous informeront de l’actualité de nos chers voisins, la construction du moulin à eau étant aussi importante qu’une nouvelle ligne commerciale.

Il ne faut pas oublier que Civilization ne va pas vous raconter d’histoires, le jeu fait appel à votre imagination pour donner vie à vos actions et assez vite on conçoit les dessous des relations entre pays, les apports des routes de commerce, des échanges culturels, il est très facile de transporter les données chiffrées du jeu et de laisser libre cours à votre imagination pour les faire vivre !

Les restes du monde

Concernant l’ambiance musicale, elle se révèle riche et variée, mais souffre du syndrome de tous les jeux du genre, elle devient vite répétitive. J’en suis arrivé assez vite à mettre ma propre musique en fond… Cependant, certains thèmes sont de réelles réussites, on notera celui du menu principal – Sogno di Volare (« The Dream of Flight ») – particulièrement inspirant, ainsi que quelques moments in-game assez sympathiques.

Au final, les nouveaux joueurs découvriront un jeu particulièrement riche, capable de les guider dans cet immense univers (2 tutoriels peuvent accompagner le joueur, le premier pour les nouveaux, le second pour les connaisseurs de Civ V). De plus, la communauté du jeu est déjà très active, et des cartes du monde (réel) et mods sont déjà trouvables sur le net.

Dans la rubrique des déceptions, reste toujours et l’éternelle fin de partie, trop vite expédiée, alors que l’on a parfois passé un nombre considérable d’heures sur celle-ci. Les animations de fin de jeu étant sympathiques, il manque quand même des données propres à la partie et surtout à l’Histoire et à l’imaginaire : combien d’années a-t-on été en guerre ? Quand avons-nous subi des défaites ? Des victoires ? Combien d’œuvres ornent nos musées ? Combien de touristes ont visités nos villes ? Les modifications gouvernementales ? Bref, une table chronologique précise retraçant l’Histoire de notre peuple et de ses acquis.

L’autre point noir étant encore et toujours la durée qu’il peut y avoir entre deux tours en fin de partie, si vous jouez sur une grande carte, avec beaucoup d’IA, le stade de la minute d’attente se fait vite franchir, les configurations musclées seront ici utiles. Pour les autres, le jeu reste quand même observable pendant que l’IA travaille, la caméra reste fluide, ce qui permet de faire un peu de tourisme.

Pour finir, il convient d’écrire quelques mots sur le multijoueur, si il est encore trop tôt pour en faire un article approfondi, vu la durée des parties, il n’en demeure pas moins l’un des aspects essentiels de ce Civilization. D’une manière ou d’une autre, il est préférable de jouer avec vos amis, d’exposer les règles dès le début et surtout de bien configurer sa partie (un joueur novice pourra avoir plus d’aides qu’un ami habitué de longue date à CIV). Attention aussi aux tours simultanées, qui permettent à tous les joueurs de jouer en même temps, et donc de rusher les promotions en début de tour pour vous attaquer, ce qui tranche bien évidemment avec le solo en tour par tour. Cependant, avec des gens de « confiance », ce mode de jeu peut être des plus agréables, et pallie l’ennui. Pour les novices, il peut être intéressant d’aller faire un tour sur Twitch pour y regarder quelques morceaux de parties, afin d’avoir une idée de ce qui peut se passer online.

La fin de partie consiste en une courte vidéo -trop courte- en fonction de la victoire.
La fin de partie consiste en une courte vidéo – trop courte – en fonction de la victoire.

[divider style= »normal » top= »1″ bottom= »1″]

[one_half]

croix petit Positif  Points Positifs :

  • Les aménagements de cases
  • Le système de gouvernement
  • Les nouvelles aides pour comprendre la diplomatie mondiale
  • Les mods, qui fleurissent de la communauté

[/one_half][one_half_last]

croix petit Négatif  Points Négatifs :

  • Les tours un peu long en fin de partie
  • La « fin » de jeu, qui mériterait un peu plus de statistiques

[/one_half_last]

[taq_review]

CIVILIZATION VI
Plateforme : PC
Développeur : FIRAXIS GAMES
Éditeur : 2K Games
Sortie : 21 octobre 2016

Test réalisé sur PC à partir d’une version commerciale.

Retour en haut