Ce film surréaliste mêle jeu vidéo et cauchemar : vous n’en croirez pas vos yeux

Critique d'OBEX : Albert Birney mélange Eraserhead et Zelda dans un film surréaliste unique

Le cinéma indépendant continue de repousser les limites de la créativité avec des œuvres audacieuses et uniques. Parmi ces productions, « OBEX » d’Albert Birney se démarque comme une expérience cinématographique singulière, fusionnant des éléments du surréalisme lynchien et de la culture vidéoludique rétro. Plongeons dans cet univers étrange et intéressant qui a fait sensation au Festival de Sundance 2025.

Un voyage surréaliste dans l’univers de Conor Marsh

Albert Birney, réalisateur connu pour son approche non conventionnelle du cinéma, nous entraîne dans le monde de Conor Marsh, un programmeur informatique solitaire vivant à Baltimore. L’atmosphère monochrome et l’esthétique rétro des années 80 servent de toile de fond à cette histoire captivante.

Le protagoniste, interprété par Birney lui-même, mène une existence isolée, gagnant sa vie en créant des reproductions photographiques à l’aide d’une imprimante matricielle. Son seul lien avec le monde extérieur semble être sa voisine Mary, incarnée par Callie Hernandez, qui lui apporte occasionnellement de la nourriture.

L’intrigue prend un tournant inattendu lorsque Conor découvre une publicité pour un jeu vidéo révolutionnaire de Concatix Software. Ce programme prometteur invite les joueurs à « retirer leur peau », une métaphore saisissante de l’immersion totale. Cette opportunité marque le début d’une odyssée surréaliste qui bouleversera la vie de notre anti-héros.

La fusion audacieuse d’Eraserhead et The Legend of Zelda

L’univers d' »OBEX » est un mariage improbable entre l’angoisse masculine hallucinatoire d' »Eraserhead » de David Lynch et l’aventure fantastique de « The Legend of Zelda ». Cette combinaison crée une expérience visuelle et narrative unique, où le réel et l’imaginaire s’entremêlent de façon déconcertante.

Voici quelques éléments qui illustrent cette fusion audacieuse :

  • Un cerf-volant en forme de cheval
  • Un Baltimore envahi par les cigales
  • Une esthétique noir et blanc obsédée par sa propre étrangeté
  • Un monde fantastique rappelant les jeux vidéo des années 90

Le film nous transporte dans un Baltimore pré-internet de 1987, où la technologie analogique règne en maître. Le chef opérateur Pete Ohs et le compositeur Josh Dibb ont créé un environnement visuel et sonore étrangement apaisant et inquiétant à la fois, parfaitement en phase avec le charme décalé du personnage principal.

Une quête identitaire à travers le jeu vidéo

Au cœur d' »OBEX » se trouve une réflexion profonde sur l’identité et les connections humaines à l’ère du numérique. Lorsque Conor plonge dans l’univers virtuel proposé par Concatix Software, il entame un voyage initiatique qui transcende les limites entre le réel et le virtuel.

Ce périple fantastique amène Conor à :

  1. Affronter ses peurs et ses inhibitions sociales
  2. Découvrir un alter ego plus aventureux
  3. Repousser les frontières de son monde intérieur
  4. Potentiellement s’ouvrir davantage au monde qui l’entoure

L’un des moments les plus mémorables du film est la rencontre de Conor avec Victor, un personnage hybride incarné par Frank Mosely. Victor, doté d’un corps humain surmonté d’un téléviseur des années 80 en guise de tête, symbolise parfaitement la fusion entre l’humain et la technologie, thème central du film.

Élément Symbolisme
Imprimante matricielle Nostalgie technologique
Monde virtuel zelda-esque Évasion et quête héroïque
Victor (homme-télévision) Fusion homme-machine

Un hommage nostalgique à l’ère analogique

« OBEX » se présente comme une ode nostalgique à une époque révolue, celle des technologies analogiques et des jeux vidéo primitifs. Albert Birney interroge notre fascination collective pour cette période, suggérant que notre attachement à ces « temps plus simples » pourrait être une réaction à la complexité croissante de notre monde hyper-connecté.

Le film étudie cette thématique à travers :

  • L’utilisation d’une esthétique rétro rappelant les films des années 70-80
  • La présence omniprésente de technologies obsolètes (Macintosh vintage, imprimantes matricielles)
  • Un monde virtuel inspiré des premiers jeux d’aventure
  • Une bande sonore mêlant synthétiseurs et bruits de cigales

Bien que cette approche puisse sembler excessivement kitsch pour certains spectateurs, elle participe à la création d’une atmosphère unique et immersive. « OBEX » ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais plutôt à offrir une expérience cinématographique singulière aux amateurs de cinéma indépendant et expérimental.

Finalement, « OBEX » se révèle être bien plus qu’un simple exercice de style nostalgique. C’est une réflexion profonde sur notre rapport à la technologie, à l’isolement et à la quête d’identité dans un monde de plus en plus virtuel. Albert Birney affirme ici sa voix de cinéaste distinctive, capable de mêler humour absurde, réflexion philosophique et imagerie surréaliste dans un ensemble cohérent et captivant.

Romain
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