C’est lorsque son maître d’école primaire a lu la terrifiante histoire de Yotsuya Kaidan pendant leur classe, que Shinji Mikami a connu sa première histoire d’horreur.
(mini résumé : Yotsuya Kaidan (un samouraï) est fiancé à une femme prénommée Oiwa dont le père s’oppose au mariage. Furieux, le samouraï assassine le père d’Oiwa et met ça sur le dos d’un Yakuza. Ils se marient mais Yotsuya devient petit à petit amer et mauvais. Il se trouve une autre femme et pousse Oiwa au suicide. Oiwa revient alors le hanter, jusqu’à la fin de ses jours, lui faisant vivre les pires tourments !)
Sa montée dans l’horreur :
Depuis cette histoire donc, Shinji Mikami s’intéresse à la peur et à la survie dans le monde de l’horreur. Et vingt années plus tard, lorsque le studio de Capcom basé à Osaka lui demande un jeu d’horreur pour la Playstation et la Saturn, il décide de remettre au goût du jour le jeu Sweet Home et le transforme en Resident Evil !
« A l’époque où je faisais le premier Resident Evil, j’ai passé trois mois à étudier la psychologie de l’horreur.
Mais ce que j’ai appris, c’est que l’horreur est instinctive. […]
Dans Resident Evil, nous avons utilisé des ennemis humains et de forme humaine, parce que c’est plus intéressant et ça fait bien plus peur que d’utiliser une créature obscure que nous ne reconnaissons pas.
The Evil Within utilise ce même principe.
Sa vision de l’horreur a évoluée :
Mikami se rend bien compte que la conception de jeux vidéo a énormément changé depuis Resident Evil. Il se rappelle que dans les années 90, les jeux ne proposaient que très rarement au joueur la liberté de faire bouger la caméra, et que maintenant que les joueurs y sont habitué, les jeux sont « obligés » de le proposer. Il y a également le rythme et la vitesse de déplacement des personnages qui sont plus rapides, sans compter les cinématiques qui doivent s’inclurent dans le jeu de façon transparente pour ne couper ni les graphismes, ni l’action.
Mikami a bien évidemment gardé tout cela à l’esprit pendant la création de The Evil Within.
Mikami et ses personnages :
Ses personnages sont forts mais vulnérables. Ce ne sont pas des gros durs prêts à défoncer une armée de mort-vivants comme ça, ils sont confus, ils ont peur, et n’ont pratiquement pas de munitions…
Ce sont les personnages vulnérables qui m’intéressent, les êtres humains normaux.
L’expérience de l’horreur est encore plus effrayante si le joueur n’est pas sûr de la survie de son personnage, il doit y avoir une balance constante entre la mort et la survie.
Dans une situation où vous n’êtes pas sûr à 100% de pouvoir éviter ou vaincre les ennemis, et si vous sentez qu’il y a peut-être une chance de vous en sortir, c’est là que réside l’horreur. C’est vital de créer ce genre de situation.
Et puis, ça ne m’intéresse pas de rester là à tirer sur des dizaines d’ennemis. Meurs ! Meurs ! Meurs ! Je n’ai pas l’énergie qu’il faut pour ça. «
Mikami et les personnages féminins :
Les femmes telles que Jill Valentine ou Claire Redfield qui ont combattu aux côtés de leurs homologues masculins dans les jeux Resident Evil, qui sont habillés en tenue de combat, et qui succombent très rarement aux stéréotypes ouvertement sexualisés, sont l’une des forces de Shinji Mikami.
Lorsque j’introduis des personnages féminins, ce n’est jamais en tant que simples objets.
Dans certains jeux, elles ne sont que des personnages périphériques avec une poitrine ridicule. J’évite ce genre d’érotisme évident.
Je n’aime pas non plus les personnages féminins soumis à des personnages masculins, ou à la situation dans laquelle ils se trouvent. Je ne présente pas les femmes de cette façon.
J’écris des personnages féminins qui découvrent leur interdépendance au fur et à mesure du jeu, ou qui en sont déjà conscientes mais qui la mettent à l’épreuve dans des séries de challenges.Si je devais nommer l’un de mes personnages féminins que j’aime le moins, ça serait Rebecca Chambers. Elle est soumise et pas indépendante. Je ne voulais pas la mettre mais pour une raison inconnue, on m’a demandé de mettre ce type de personnage, ça devait avoir de l’importance pour eux.
Et au Japon, Rebecca Chambers est plutôt populaire.