[Définition] Le slasher (de l’anglais slasher movie) est un genre cinématographique, appartenant au genre générique du film d’horreur et du film d’exploitation, mettant en scène les meurtres d’un tueur psychopathe, généralement masqué, qui élimine méthodiquement un groupe de jeunes individus.
Annoncé lors de la Gamescom 2012 sur PS3, Until Dawn est finalement développé pour PS4 et abandonne au passage le PS move.
Until Dawn est un jeu d’aventure réaliste, proche d’un film interactif, puisqu’il reprend tous les codes des slashers tels que les Vendredi 13, Saw, Screams et compagnie. L’interactivité de l’expérience en fait une aventure assez spéciale. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir dire à ces adolescents de NE-PAS-SE-SEPARER pour trouver une lampe plus rapidement, ou la boîte à fusible dans le vain espoir de survivre !?
Les blondes font les meilleures victimes. Elles sont telle la neige immaculée sur laquelle on laisse des traces de pas ensanglantées – Alfred Hitchcock
Tout juste un an après la disparition mystérieuse de deux de leurs amis, 8 lycéens se réunissent dans un grand chalet isolé dans les montagnes, dans l’intention de s’amuser. Mais c’est sans compter sur des personnages cachés derrière des masques de clown et munis de machettes. Oh, et nos jeunes amis ont un Ouija, vous savez, le plateau avec toutes les lettres pour appeler les esprits. Les bases sont posées, nous savons directement dans quelle descente aux enfers cela va nous faire plonger et nous y sautons avec plaisir.
L’aventure est structurée en chapitres à la manière d’une série télévisée, entre-coupés par des séances mystérieuses chez un « psy » aux questions piquantes. « Lequel vous effraie le plus, le corbeau ou le loup ? », « Qui aimez-vous le moins, Jess ou Emily ? ». Son discours concernant ce « jeu auquel nous avons choisi de jouer » nous installe dans la peau d’un participant ganté plus que suspect ayant probablement une influence sur le destin des huit adolescents.
Malgré les personnalités clichées des ados, elles contribuent grandement à la crédibilité de l’histoire. Supermassive Games a réussi à développer des personnages que nous voulons absolument sauver, du geek de service à la petite princesse tête à claques. Parfois attachant, parfois agaçant, tout ce petit monde nous touche et nous nous surprenons à tous vouloir les garder en vie.
L’ambiance assez légère du premier chapitre se crispe rapidement avec des « moments-sursauts », et s’envole vers la fin du titre pour devenir à peine soutenable.
Un casting touffu
Le caractère des personnages ne fait pas tout, nous pouvons compter sur les graphismes photo-réalistes du titre, et surtout sur le jeu des acteurs, pour finir de nous immerger dans cette descente aux enfers. Nous retrouvons d’ailleurs au casting Hayden Panettiere [Sam] (la pompom girl de Heroes), Peter Stormare [Le Psy] (Fargo, Constantine, Prison Break…), Brett Dalton [Mike] (Marvel Les agents du SHIELD), Rami Malek [Josh] (Une nuit au Musée, Twilight), Galadriel Stineman [Ashley] (Shameless, Glee), Noah Fleiss [Chris] (Law & Order, Fringe), Jordan Fisher [Matt] (Teen Beach, Teen Wolf), Nichole Bloom [Emily] (Shameless, Teen Wolf) et Meaghan Martin [Jess] (10 things I hate about you).
Une direction artistique de haute volée
La grande qualité des visuels s’accompagne d’animations très travaillées. Que ce soit la jupe de Samantha qui bouge de façon fluide en fonction de ses pas ou les mouvements naturels des protagonistes, c’est du beau travail.
Les expressions faciales, bien que parfois exagérées, sont proches de la prouesse qu’avait réalisé L.A. Noire en 2011. Toutes les parties du visages, de la gorge et du cou bougent de concert pour un effet visuel très réaliste.
Les effets d’ombre et lumière sont incroyablement bien réussis et méritent d’être soulignés. D’autant plus que le joueur contrôle souvent la source lumineuse des personnages, sans que cela n’affecte la qualité des jeux de lumière.
On peut toutefois regretter un framerate parfois bas, mais pour le genre ce n’est pas bien dérangeant et c’est le prix à payer pour une telle qualité graphique.
Les effets sonores sont tout aussi soignés et accompagnent efficacement la mise en scène. Mention spéciale aux bruits de pas croustillants dans la poudreuse.
Carré, carré, croix, rond… Triangle !
Until Dawn donne au joueur le contrôle d’un groupe de 8 adolescents qu’il aura le plaisir d’incarner en fonction de son avancée dans l’histoire. Les phases de jeu et les cinématiques s’enchaînent de façon transparente grâce à l’utilisation du même moteur graphique que Killzone Shadowfall, et contribuent à garder l’immersion intacte.
Le gameplay est très linéaire avec un level design cloisonné. Le joueur est tout de même libre de diriger ses ados histoire de dégoter quelques objets à collectionner, mais grosso modo c’est du Quantic Dream tout craché.
Supermassive Game reprend d’ailleurs les ficelles des productions de David Cage avec des embranchements scénaristiques, appelés ici « effet papillon« , lors desquels nos décisions auront un impact plus ou moins important sur la suite des événements. Vous serez averti lorsque vos actions pèseront dans la balance grâce à l’apparition de papillons en haut à gauche de l’écran, paraphrasant le fameux « effet Papillon ».
Lors de ces séquences, le temps se fige pour permettre au joueur de faire un choix, souvent cornélien. D’autant plus qu’ils déterminent bien souvent la vie ou la mort de l’un des personnages. L’intensité des choix augmentera au fur et à mesure de l’aventure et pourra, en fonction de vos décisions, aller de « Est-ce que je regarde son téléphone qui sonne ? » à « Lequel de mes deux amis je sacrifie ? »
Par ailleurs, l’aventure proposera souvent des phases de QTE (Quick Time Event) plutôt rythmées, rappelant les courses poursuites de Shenmue avec quelques fois plusieurs itinéraires plus ou moins rapides. Choisir l’un ou l’autre modifiera la vitesse des séquences des QTE mais pourra aussi impacter le scénario. De plus, un choix caché sera parfois une solution très efficace dans les situations de crise : ne sélectionner aucune des deux actions proposées et ne rien faire.
A noter que le joueur aura également le choix entre une utilisation classique de la manette ou via les capteurs de mouvements, en bougeant la manette. Cela fera bouger la tête de votre personnage et sa source de lumière, afin de scruter chaque recoin. D’ailleurs, la fouille est facilitée par l’apparition de points lumineux mettant en avant les objets avec lesquels le personnage pourra interagir.
Enfin un dernier mot sur les sauvegardes, elles sont automatiques, vos choix sont donc définitifs. Si vous souhaitez changer le cours de l’histoire, il faudra recommencer une autre partie. Cependant une fois l’aventure bouclée, il vous sera possible de revivre n’importe quel chapitre.
Un jeu ou un film ?
Supermassive Games assume et revendique l’aspect cinématographique d’Until Dawn, en commençant par un découpage en épisodes entre lesquels un résumé des évènements précédents nous rappelle quels choix nous avons pris, mais aussi grâce à la diffusion de musique pop lors des scènes un peu touchantes ou amusantes, par exemple lorsqu’un couple joue dehors en s’envoyant des boules de neige.
Le manque évident de défi pourra faire débat auprès de nombreux joueurs. A l’instar des jeux Telltale Games (The Waking Dead ou Game of Thrones) , il est question ici de vivre une expérience vidéo ludique prenante et touchante – à sa façon – plutôt que de se surpasser véritablement, avec des talents de gamers. Il s’agit finalement d’un film interactif aux airs de jeu vidéo, piochant dans les deux univers pour nous plonger dans la tension et le cauchemar que vivent ces adolescents.
Les films laissent souvent voir aux spectateurs où se trouve le tueur, nous faisant ensuite aborder différemment les faits et gestes des victimes. Ici, nous jouissons de ce même pouvoir d’observateur mais nous pouvons en prime nous en servir afin de diriger les personnages vers des choix qui semblent être les plus judicieux. Il est d’ailleurs possible de terminer le jeu en gardant tout le monde vivant, mais cela peut également finir en génocide…
Le rythme et les dialogues sont assez inconsistants au début, tout comme des adolescents finalement, mais ils gagnent en intensité au cours du jeu. D’autant plus que les doublages anglais et français sont de bonne facture, ce qui est appréciable. Quelques situations sont également inconsistantes, surtout vis à vis de certains évènements paranormaux auxquels les adolescents ne réagissent pas spécialement.
Un totem de mauvaise augure
Tout bon jeu d’enquête s’accompagne d’un menu adéquat. Ici, il est très bien pensé. Nous y retrouvons évidemment tous nos objets à collectionner (totems et indices) avec leurs descriptions, mais également les fiches de personnage, et nos choix. D’ailleurs, les fiches personnages s’adaptent en fonction de nos décisions. Par exemple, nos ados pourront perdre en « Honnêteté » mais gagner en « Romantisme » ou en « courage » et cela affectera les choix d’action auxquels ils feront face. Leurs barres de relation envers les autres personnages du groupe évolueront également et influenceront le type de réaction que votre perso choisira de faire. Par exemple, Jessica demandera à Mike d’aller chercher une couverture si votre relation est basse, mais vous proposera de se câliner si votre relation a évolué positivement.
Malgré un nombre important d’objets à collectionner, Until Dawn ne propose aucune gestion d’inventaire. Seule l’ambiance et les plans de caméra rappelleront les survival-horror classiques.
En plus de soutenir la narration, les objets à collectionner fournissent des indices sur les choix à prendre, par exemple les totems déclenchent une vision de quelques secondes de l’avenir, permettant parfois de sauver les miches d’un des ados.
Il y a cependant un point noir dans ce panorama horrifique presque parfait : la fouille. Lorsque le joueur s’aventure, sans le savoir, sur le bon chemin, souvent des cinématiques s’enclenchent, empêchant tout retour en arrière. Ceci peut être frustrant pour les chasseurs de trophées qui devront alors recommencer une partie de l’aventure afin de compléter les collections
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- Le plaisir de contrôler des ados dans un slasher
- Les graphismes photo-réalistes
- Le soin apporté aux lumières et aux sons
- Le scénario qui monte en puissance tout au long du jeu
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- Les dialogues maladroits de certains personnages
- Quelques incohérences dans le comportement des ados
- Les déplacements parfois un peu chaotiques dans les recoins
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Développeur : Supermassive Games, publié par Sony.
Sortie : 25 août 2015 sur PS4.
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