La licence Stronghold de Firefly Studios a depuis longtemps marqué les esprits. Jeu de stratégie en temps réel, à mi-chemin entre la série The Settlers et Age of Empire 2, le titre qui nous intéresse ici conserve largement les mécanismes de ses prédécesseurs à travers la gestion du château, de son économie et son aspect militaire.
Aucune crainte à avoir pour les fans du premiers opus – qui nous a fait voyager de l’Europe à l’Arabie – ou pour des fans de l’ambiance médiévale, ils seront toujours enchantés par la minutieuse élaboration de leur forteresse, ou par les doux grincements de bois du trébuchet, fendant la canaille qui grogne, éventrant murs, bêtes et hommes.
Mais n’oubliez pas que vos rocs sont altruistes malgré leurs cœurs de pierre… Et si vous les accompagniez des traits de vos arcs de vos arbalètes et de vos balistes ? Allez, et ajoutons un soupçon de flamme pour purger l’âme de ces chiens d’infidèles, après tout c’est la volonté de Dieu !
« Encore une fois sur la brèche, chers amis, encore une fois. »
Toujours loin des contrées verdoyantes d’Europe, toujours pas de réelle histoire ni avec un petit «h» ni avec un grand «H», Stronghold Crusader 2 nous propose une série de missions qui, petit à petit, nous dévoile la richesse du gameplay, sans pour autant améliorer notre culture, dommage !
Si vous êtes un habitué de la licence, tout se passera comme sur des roulettes. Vous placerez de façon pertinente votre réserve, votre grenier, y entasserez des vivres, prendrez soin de votre popularité ou encore maximiserez vos revenus.
Mais pour le néophyte, ça sera parfois obscur, malgré la «campagne» d’apprentissage. Aussi je vous conseille de lire SCRUPULEUSEMENT les briefings de chaque mission qui vous indiquent les particularités des nouveaux bâtiments et des nouvelles unités. Et encore ! Parfois c’est un peu vague, il vous faudra tenter, tâtonner pour comprendre certains aspects ou l’utilité de telle ou telle unité.
Une fois le jeu parfaitement maîtrisé, vous pourrez vous lancer dans l’éditeur de carte, construire d’inexpugnables forteresses, prendre le contrôle des défenseurs et mettre au défi d’autres joueurs de vous prendre d’assaut.
En comptant la campagne d’apprentissage et le mode «escarmouche» le jeu offre une durée de vie consistante.
Plantez-leur une fourche dans la panse !
Soyons clair : dans Stronghold Crusader 2, vous ne manquerez pas de constater que la diversité pimente la mort. Croisé grillé ou cuit à l’huile… brochette de Sarrasin… La richesse stratégique, tant offensive que défensive, est certaine. Tout d’abord, vous avez la possibilité d’élaborer un complexe de murs, de tours et de pièges capables de briser les assauts et de déjouer les ruses des assaillants les plus téméraires.
Taillez en pièces les ennemis en profitant de la portée que vous confèrent vos tours, effectuez une retraite stratégique en vous repliant sur votre donjon (« au bastion !! ») ou organisez des sorties dévastatrices pour les machines de sièges ennemis.
Une fois assez fort pour vous lancer à l’offensive, ce sera l’embarras du choix : les plus fourbes engageront des assassins, et les enverront grimper incognito par-dessus les murs ennemis frapper des objectifs stratégiques, ou menacer la vie du seigneur adverse. Les plus bourrins amasseront les trébuchets, bombardant copieusement les murailles ennemies : le démantèlement progressif des murailles sous les impacts de vos boulets est graphiquement très réussi – louons le passage à la 3D – et purement jouissif ! Je dirais même plus ! Ce spectacle est une volupté de fin gourmet 🙂
En fonction de la faction que vous dirigerez, Croisés ou Musulmans (parenthèse historique : dans le jeu le terme «Arabe» est choisi, ce qui est très approximatif : Saladin était kurde, la plupart des mercenaires de «l’époque» étaient Turcs, bref tout ça c’est des Chinois^^), différentes unités seront disponibles, de part et d’autre de chaque camp, certaines se ressembleront sur de nombreux points, mais l’appréhension militaire du jeu change considérablement d’une faction à l’autre. Par exemple la faction Musulmane sera dotée d’archers montés, alliant arme de jet et mobilité, le sergent Croisé quant à lui, doublera l’armure de ses alliés sur un petit rayon.
– Viande de cochon ou de mouton ?
– Nos vivres s’amenuisent mon seigneeeeur.
Évidemment avant de pondre à la suite toute une série de soldats, il vous faudra constituer une économie solide. Ici rien de bien nouveau, la recette est la même que dans le premier volet, des logements, une nourriture abondante saine et équilibrée garantissent une bonne santé économique : beaucoup de bière, un gruau aux pommes et au fromage, une tranche de lard bien grasse et vos paysans paieront dûment les impôts que vous aurez fixés.
Dans le cas contraire, si leurs panses demeurent irrémédiablement vides, ils se mettront à déserter votre château, et ne seront point disponibles pour pourfendre les infidèles. « Salauds de pauvres ! « 🙂
Pour remplir votre grenier, il vous faudra bien gérer votre espace, car seules les terres fertiles situées sur le pourtour de rares oasis permettent l’installation de vos cultures. Un nouvel aspect stratégique est à exploiter, en particulier en multijoueur sur certaines cartes où les joueurs peuvent se disputer autour d’un seul et unique pâturage.
Pour résumer, le taux d’attractivité de votre château est proportionnel à votre popularité, qui varie en fonction du taux d’imposition, de la quantité de nourriture, de bière et de cierges (pour célébrer les messes) attribuée à votre peuple. Lorsque vous construisez une nouvelle maison, le seuil maximal de votre population augmente et ce seuil est plus ou moins vite atteint en fonction de votre popularité. Ainsi, en cas de boucherie sur un champ de bataille, vous avez tout intérêt à être très populaire afin de renflouer rapidement votre armée en troupe fraîche.
Un dernier conseil, si vous voulez faire un bon départ économique, il vous faudra premièrement du bois, deuxièmement du bois, troisièmement du bois (et être patient). C’est compris ?! DU BOIS.
« Un jour tu pleureras d’avoir refusé le peu de mal d’où serait sorti un grand bien »
Si le gameplay du jeu se révèle solide, grâce à la difficulté parfaitement dosée des missions (très nombreuses par ailleurs) et au mode difficile corsé, quelques petites imperfections viennent assombrir le tableau.
Premièrement, les paysages. Oui, nous sommes au Proche Orient, oui c’est désertique, oui c’est un détail, mais la couleur permanente du sable un peu crade et trop clair peut donner à la longue des maux de crâne. Un peu de diversité que diable !
De plus, on distingue à peine un château occidental d’un château musulman.
Le son global du jeu est réussi, en particulier celui des combats et des volées de flèches ! Les musiques ne sont pas mauvaises sans pour autant être exceptionnelles : on se souvient de grands titres du jeu vidéo médiéval avec des bandes son beaucoup plus accrocheuses (Medieval Total War, Age of Empire)
Ensuite, l’intelligence artificielle est quasi inexistante. Il est parfois fâcheux, après avoir donné l’ordre à ses archers d’attaquer, de voir ses unités descendre de leur tour, ouvrir la grille pour s’avancer de deux centimètres en dehors de l’enceinte, pour enfin tirer. Évidemment, c’est tellement plus pittoresque de tirer sur les assaillants du fond d’une douve !
Plusieurs bugs et plusieurs défauts ergonomiques sont à souligner. Les raccourcis claviers ne sont pas apparents sur les options de construction. Il n’y a pas de touche pour attaquer en mouvement. Les unités se chevauchent et ne semblent pas avoir de hit box ou de collision entre elles, ce qui installe une certaine confusion et ne permet pas une gestion stratégique de l’espace sur les champs de bataille. Cela est particulièrement gênant pour un défenseur qui peut se retrouver contre 6 catapultes empilées les unes sur les autres.
Bref, on peut dire avec franchise que Stronghold Crusader 2 manque parfois de finition.
[one_half]
- la défense du château toujours aussi jouissive
- les destructions des murs et des tours de pierre très réussies
- de nombreux choix stratégiques
- des unités variées
- les effets sonores
- l’éditeur de carte et le multi
- la difficulté de la campagne et des escarmouches
[/one_half][one_half_last]
- l’IA
- le scénario quasi inexistant, très peu de contexte historique
- les unités qui se chevauchent rendent les batailles chaotiques
- le pathfinding erratique
- graphiquement assez moche
- la mise en place économique trop longue
[/one_half_last]
[taq_review]